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LE FORGERON DE THALHEIM

cette heure matinale il jette déjà dans l’air quelques notes bizarres de sa musique barbaresque. Mais, ce n’est qu’un essai, car, en ce jour-là, comme aux autres dimanches, Dieu, c’est-à-dire le prêtre, réclame le respect dû à la religion. Vous certifier que le sermon soit bien écouté, je ne le puis ; vous en savez peut-être plus long que moi à cet égard ; mais, et ici je parle d’expérience, j’ose vous dire que la messe paraît aux fidèles horriblement longue et que lorsqu’éclatent les fioritures musicales de l’Ite missa est, un profond soupir de soulagement s’échappe de maintes poitrines. A tout prendre, ce langage d’église, précédant un bon dîner, est un apéritif excellent et fait trouver le petit vin d’Alsace délicieux !

C’est l’heure attendue, la sortie de l’office ! Les étalages sur la rue découvrent leurs trésors, le carrousel lance ses chevaux de bois, les bateleurs déploient leurs engins, les pauvres aveugles crient leurs souffrances en implorant la pitié, et Gaspard Tonder, le tenancier de la fête, ouvre ses portes qui roulent facilement sur leurs gonds : les réjouissances sont là, nombreuses, variées, pour tous les goûts, tous les âges et pour toutes les bour-