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pas penser à ce qu’elle disait. C’est un chien de métier, tout de même ! Si vous n’y êtes pas habitué, vous le verrez bientôt. Mais il faut vivre, n’est-ce pas ?

Mes hommes sont d’accord, allez. Ils ne demandent qu’à gagner quelque petite chose. Je regrette qu’ils soient partis ce matin. Vous auriez pu causer ensemble de l’entreprise. Ah ! je vous assure bien que les sous ne roulent pas sur les pierres, au fond de cette vallée. Aussi quel guignon que le nôtre ! Nous voilà vieux, et rien de rien, pas ça ! Il y en a dans le monde qui ont de la chance ; nous ne sommes pas de ceux-là. Mais, voilà ! Maintetenant, la chance pourrait bien nous venir, puisque vous le dites.

Et elle continua, sur un ton geignant et avec à peu près les mêmes mots, à se plaindre toujours, accusant son mari, la destinée ou le hasard de ce qu’ils étaient pauvres, à l’entrée de la vieillesse. Et pourtant que de peines elle avait eues, au cours des nombreuses années qu’elle venait de passer dans ce coin perdu où l’on ne voyait d’étrangers qu’aux « tremblements de terre ».

Maurice paraissait l’écouter, songeant parfois à Yvonnette, mais étudiant, observant de