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tres ces deux murailles de pierre, avec la même eau qui coule toujours en faisant sans cesse le même bruit. Et je suis le plus souvent seule, personne ne s’amuse avec moi. J’oubliais mon frère, qui est bon et qui me défend si le père me gronde. Je ne l’aime pas, mon père. Et pourtant, je ne me crois pas méchante. Je voudrais tant aimer tous ceux que je vois ! J’aime encore les fleurs et ma petite chèvre Blanchette, que je conduis parfois dans les bois, plus haut, quand on me laisse quelques heures de liberté.

À ce moment, une rude voix de femme se fit entendre :

— Yvonnette ! Yvonnette ! Veux-tu rentrer ? Faut-il pas que j’aille te chercher ? Et avec qui causes-tu, voyons donc ?

Maurice regarda dans la direction d’où venait l’appel.

— Quelle est cette personne ?

— C’est ma mère.

— Ah !

— Cela vous étonne ? Moi pas ! On s’habitue à tout, à la longue. Et voici des années que c’est continuellement la même chose. On m’empêche de causer avec vous, comme avec