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rement moqueuse, avec une moustache brune qui se découpait nettement sur la matité de la peau ; le menton trahissait la volonté, l’opiniâtre désir de marcher en avant pour atteindre le but ; la taille était bien prise, avec une grande souplesse, et il avait des attaches très fines et les mains petites, mais nerveuses, signes caractéristiques de sa race. Tel était Maurice Delaroche lorsque, arrivé au bas du sentier, au dernier zigzag du chemin, il se trouva en face d’une jeune fille de dix-huit à dix-neuf ans qui cueillait des fleurs sauvages au pied des rochers.

Il s’arrêta subitement, comme fasciné par les yeux de pervenche qui le regardaient, deux yeux à la blancheur laiteuse, curieux et naïfs, et grandement ouverts. Il crut d’abord à une vision de rêve, à l’un de ces contes dont sa mère avait bercé son imagination et dans lesquels on voit apparaître, en des endroits à peu près semblables à celui où il était, quelques-unes de ces fées radieuses, d’une beauté raphaélique et divinement bonnes. Et déjà il commençait à douter de lui, de sa raison, quand, tout à coup, il entendit une voix claire, très rapprochée, si proche qu’il la percevait distinctement, malgré le