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d’ici à Bâle et à Genève, sur toute la ligne qui sépare la Suisse de la France. La frontière sera couverte de contrebandiers, de braves gens qui gagneront leur vie, — nous y pourrons à l’aise gagner une fortune — en introduisant des marchandises chez nos voisins sans passer aux bureaux des douanes. Prends les Anglais, je ne vais même pas si loin, prends les Européens pendant qu’a duré le « blocus continental ». Ils ont cherché, par tous les moyens en leur pouvoir, à rendre nulle et sans effet cette mesure de Napoléon. Les rois, les princes, les premiers de la société ne dédaignaient pas de se servir et de consommer des choses qui venaient à eux par un autre chemin que celui reconnu par la loi. Nous suivons leur exemple, nous continuons leur œuvre. Et tu m’en diras des nouvelles dans quelques mois, si nous tombons d’accord, ce dont je ne doute pas.

Tu m’écoutes, n’est-ce pas ?

— Mais, oui, même avec beaucoup d’attention.

— Alors, je reprends :

Comme j’ai eu l’honneur de te le dire, tu n’es plus un inconnu pour moi. Et tu me plais, et tu me conviens. Si tu veux seule-