Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 54 —

troublée de longtemps. Or, nous qui sommes placés sur la frontière, nous avons un moyen très simple de gagner beaucoup d’argent.

Tu me regardes, l’air tout surpris. Tu dois te dire que je déraisonne. L’argent est si rare et la misère si grande ! Et, pourtant, mon idée est excellente. Car j’ai une idée, et avoir une idée, c’est peut-être le commencement d’une fortune. Tu vas en juger tout de suite et, par la même occasion, tu pourras apprécier ma confiance en toi.

Il se tut, quelques secondes durant, puis, ayant rapproché sa chaise de celle de Maurice, il reprit d’une voix plus basse :

— Tu n’es pas sans savoir que certaines marchandises, pour entrer en France, doivent payer des droits très élevés. Or si nous, par exemple, et une dizaine de solides gars avec nous, réussissons à introduire ces marchandises sans qu’elles soient frappées d’une taxe à la frontière, nous réalisons de ce chef et sans retard d’assez gros bénéfices.

— C’est la contrebande, alors ?

— Mon cher, tu mets le doigt dessus. Est-ce que le mot t’épouvante ?

— Moi ? Nullement.

— Et que penses-tu de mon projet ?