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ne connaissait qu’imparfaitement et avec lequel il n’avait jamais eu aucun rapport. Il en avait simplement entendu parler.

C’était un homme entre deux âges, ni jeune ni vieux, de haute et puissante stature, le nez en bec de corbin, le teint vivement coloré. Tempérament très jovial d’ailleurs, il était aimé de tous ceux qui l’approchaient. Sa bonne humeur était devenue proverbiale. « On riait toujours » dans sa société. Caractère excellent, s’irritant difficilement et oubliant ses colères l’instant d’après, il n’avait que des amis et on ne faisait pas inutilement appel à sa bourse — si elle était alors bien garnie. On se racontait, comme venant de lui, toute une collection de « bons mots », vives plaisanteries et histoires étourdissantes, qu’il semait à droite et à gauche, un peu partout dans les différentes localités où le conduisait le hasard de son existence. L’un de nos meilleurs poètes a mis dans ses chansons cette figure si originale et si sympathique. Ses « camarades » du service militaire ne tarissaient pas d’éloges sur leur capitaine, qui, ne sachant pas un mot d’allemand, disait à ses soldats, à la véritable stupéfaction des