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avons été pour ne plus travailler qu’à ce que tu dois être…

Mais, voilà que la fatigue… me prend déjà… mes membres commencent à s’engourdir… j’aurais cependant tant de choses à te dire, mon cher fils… Ah ! que je t’ai aimé, Maurice ! je t’ai aimé pour lui, ton père, que tu n’auras pas connu, et aussi pour moi… Tu étais tout : le passé, le présent et l’avenir, mais le présent surtout. Cher Maurice !…

— Mère, balbutiait le jeune homme, mère, repose-toi ! Plus tard, quand tu seras mieux…

— Oui, plus tard… plus tard… je ne serai plus.

— Non, pas cette idée, mère !

— Eh ! n’est-ce pas notre destinée, de mourir un jour ? Ah ! si tu n’avais pas été là, près de moi, bien des fois je l’eusse appelée de tous mes vœux, cette mort qui m’eût délivrée de ma misérable existence ! Mais j’avais une tâche à laquelle je ne pouvais pas faillir : t’élever, afin que tu marches à ton tour, la tête haute, dans le chemin de l’honneur. Sais-tu, mon fils, que, pour une mère, c’est encore une joie, au milieu de l’écroulement de toutes ses autres joies, de se dire le matin