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crime dont je t’accuse. Allons, dis-nous ce qui a dû se passer ici, dans ta maison, un soir de l’année 1791, quand le comte de Laroche était en route pour rejoindre sa femme ?

À ce nom, Jean Gaudat crut que la paroi s’ouvrait, livrant passage à un spectre, au cadavre ressuscité de sa victime. Il reprit cependant vite possession de lui-même. Que pouvait-on lui prouver ? Rien, non, rien du tout. Le corps avait été bien caché, dans le trou creusé au fond de la cave, où le Doubs coulait, emportant d’abord les chairs, rongeant ensuite les os. Il n’y restait plus rien. De cela, il était certain. Aussi répondit-il, presque sans trouble :

— Je n’ai pas vu la personne dont tu parles, je ne la connais point et ne l’ai jamais connue.

— Tu mens ! Mon père est venu ici, j’ai suivi ses traces. Tu es l’assassin du comte.

— Libre à toi de le croire ! riposta l’aubergiste, devinant que le jeune homme n’avait que des soupçons.

— Ali Gaudat, reprit Maurice, après un instant de réflexion, n’as-tu rien à m’apprendre ?

— Moi, fit ce dernier, je pourrais bien, comme mon père, te dire des choses qui t’in-