Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/234

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 228 —

vendu par le père ou par le fils ? Ce à quoi je pensais, c’était à recouvrer ma liberté, coûte que coûte. La chose n’était pas des plus faciles, je le voyais surabondamment. Mais, à notre âge, car, à ma place, vous auriez agi de même, on ne se laisse pas aller si aisément au désespoir.

Arrivés à Maiche, on me jeta dans une sorte de cave, avec une fenêtre au ras du sol, que je n’examinai pas d’abord, ayant un suprême besoin de repos. Avant de fermer la porte, la personne qui remplissait momentanément les fonctions de geôlier, m’annonça que le lendemain, ou mieux le jour même, on me dirigerait sur Besançon.

Je tombais de sommeil. M’étant couché sur une espèce de lit de camp, je m’endormis aussitôt. Il était de nouveau nuit quand je me réveillai. On m’avait accordé un jour de répit. Dame ! Ça m’importait peu. On criait onze heures devant la maison même, la mairie. Mes regards se portèrent vers la fenêtre. Elle était garnie de deux barreaux. Je n’eus aucune minute d’hésitation. Le fer tenait mal ; en moins d’un quart d’heure, le passage était libre. Quand j’ai entendu le guet dans un autre quartier, je suis sorti de mon trou et j’ai gagné le large. Combien ai-je marché de