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l’Erèbe. Néanmoins, les contrebandiers suivaient Maurice d’un’pied sûr, dénotant une grande habitude des marches nocturnes. Déjà ils ont dépassé le Cerneux-Godat, ils dévalent maintenant la colline et s’engagent enfin dans le sentier en zigzags qui les mène directement à l’auberge.

Jean Gaudat, à leur appel, ouvre la porte. Les femmes sont couchées : tel a été l’ordre d’Ali, et on a dû lui obéir. La troupe entre pour souffler un peu et boire un coup. Puis, un brin de conversation se noue entre l’aubergiste et Maurice.

— Le Doubs roule de grandes masses d’eau, disait le premier. Il serait prudent de remettre votre voyage à plus tard.

— Non ! cela ne va pas, répliqua le chef. Nous voulons tenter le passage.

— Prenez-vous par les Echelles ?

— Oui. L’obscurité est trop forte pour aller par un autre chemin. D’ailleurs, j’ai fait le chemin et il n’y a rien à craindre : les gabelous ne nous viendront pas chercher au fond de la vallée, par cette nuit d’enfer. Vous avez été bien averti de notre arrivée ?

— Parfaitement.

À cet instant, Ali sortit de la chambre sans