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tesse et leur fils à l’abri de violences possibles. En des temps de troubles comme ceux où nous vivons, il est bon de prendre des précautions. Une fois la tourmente passée, M. de Laroche retournera dans le château de ses pères. Pour le moment, il vaut mieux qu’il fasse un séjour à l’étranger que de braver la tempête. Il était sévère, et les braconniers ne ménageraient pas sa vie. Ce n’est pas qu’il en ait peur ; mais il tient à l’existence, ne seraitce qu’à cause de sa jeune femme, à laquelle il est très attaché. Quant à madame la comtesse, elle était la bénédiction de tout le pays. C’est avec regret que nous partons, et l’on ne s’est pas décidé sans peine. Toutefois, comme la Révolution surexcite de plus en plus les esprits, que des bandes armées attaquent les châteaux, monsieur le comte a pensé, sans doute avec raison, que de ce côté du Doubs nous serions plus en sûreté.

Donc, demain, à peu près à cette heure, il descendra les Echelles. Il les connaît pour y avoir été, il y a quelques années. C’est aussi l’endroit le plus désert de toute la vallée du Doubs. Je lui ai demandé si je devais venir à sa rencontre ; il ne l’a pas permis. Ma place est à côté de la mère de son fils. D’ailleurs,