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par une fièvre violente, elle tombait dans un délire dont elle ne se réveillait plus. On avait porté le corps à la cave, où l’on avait jeté celui du comte, et le flot avait fait le reste. Yvonnette était orpheline et Jean Gaudat ne savait qu’une chose : qu’elle s’appelait de ce nom et devait avoir un grand-oncle, quelque part en France.

Crimes inutiles. La fortune n’avait pas élu domicile chez Gaudat. Il jouait à la déveine, l’aubergiste du Doubs. Rien ne lui réussissait ; ses victimes étaient pauvres. De petites sommes d’argent, des louis fort peu, et l’un ou l’autre bijou. Bien mal acquis ne profite pas. Il fallait vivre, payer du vin que l’on buvait soi-même. Le rêve de son homme, la richesse n’était pas venue. Et voilà que maintenant l’âge arrivait, et la mort bientôt, toute chargée de remords, du moins pour Catherine. Quelle existence ! Elle avait bien essayé, en élevant Yvonnette, de réparer les fautes commises. Mais cela n’avait pas effacé la trace sanglante qui se dessinait, toute rouge, devant ses yeux, à ses moments de songeries. Horreur ! Ah ! comme la créature humaine, oublieuse de sa destinée morale qui l’ennoblit et la fortifie contre les épreuves, se pré-