Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 182 —

mait, là-bas, à la Goule, près du Doubs tranquille et tout criblé de rayons de soleil. Oui, c’était vrai. Il venait de faire un pas de plus vers le but que lui avait montré sa mère. Malheureusement, une chose l’effrayait, ou, pour être plus exact, effrayait son amour. Et il n’osait formuler les craintes, les angoisses qui s’agitaient dans son esprit et bouleversaient tout son être.

Mais nous, qui n’avons pas les mêmes raisons que lui de garder le silence, nous pouvons bien dire ce qui le tourmentait le plus, en toute cette ténébreuse affaire. C’était de savoir Yvonnette unie par les liens du sang à la famille qu’il soupçonnait véhémentement d’avoir fait mourir son père. L’épouser, maintenant ? Il n’y fallait plus songer. N’y aurait-il pas toujours entre eux le cadavre du comte de Laroche ? Et lui serait-il possible d’oublier, en une ivresse d’amour, l’infamie du père et de la mère de celle qu’il presserait dans ses bras ? Non, mille fois non ! Et de voir ainsi l’écroulement de son rêve, l’anéantissement de son grand espoir, son cœur saignait, car il avait pour la jeune fille une passion fière et profonde.

Cependant, Maurice était arrivé chez lui.