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pas d’enfant ne font pas inutilement le pèlerinage. Je donne cette opinion pour ce qu’elle vaut, sans en garantir l’absolue véracité…

Or, ce jour-là, malgré les, ruses calculées des plus adroits pèlerins, toutes les pierres qui pénétraient dans l’excavation n’en voulaient plus sortir. Il en résultait, avec la dernière évidence, que la pluie était encore bien éloignée et que les vœux de toutes ces populations ne seraient pas de sitôt exaucées. Était-ce peut-être la raison qui détermina Maurice et Yvonnette à quitter le Bief d’Etoz avant leurs compagnons ? Nous ne savons trop ; mais toujours est-il qu’ils allèrent s’installer devant l’auberge, en face de la Goule, sous une tonnelle de coudriers.

Les deux jeunes gens étaient heureux de se trouver ensemble, et seuls encore, comme ignorés de la foule qui occupait les tables autour d’eux. Le cabaretier leur servit du vin, avec un pain bis très savoureux. Il ne lui restait déjà plus rien des abondantes provisions qu’il avait préparées pour ce jour de pèlerinage. Et, pendant qu’Yvonnette regardait les barques évoluer sur le Doubs, Maurice, tenant dans l’une de ses mains une main de son amie, semblait observer, depuis