Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 175 —

faisante qui féconde et fait germer. Et, agenouillés sur le sol dur et chaud, ils ne se lassaient pas en leurs supplications, tournant leurs chapelets, tandis qu’un tintement de cloche, à intervalles irréguliers, jetait dans les airs ses notes éplorées. De l’eau ! De l’eau ! Belle Notre-Dame du Bief d’Etoz ! De l’eau pour les paysans que la Révolution a affranchis, les libérant de l’inhumaine servitude qu’exerçaient sur eux la noblesse et le clergé ! De l’eau ! De l’eau ! Belle Notre-Dame du Bief d’Etoz !

L’origine de ce sanctuaire est au moins très curieuse et mérite d’être relatée ici. La légende raconte qu’un chevalier des environs, de belle et bonne race française, le chevalier Mési-Pierre, comme il chassait un jour dans les forêts qui dominaient le Bief d’Etoz, son cheval, probablement épouvanté par quelque fauve, s’élança du sommet d’un rocher au pied duquel il tomba, réduit en morceaux innommables. Le cavalier n’avait aucun mal. En souvenir de cet événement qui tenait du miracle et pour remercier à coup sûr le Ciel d’une si visible protection, Mési-Pierre fit construire la chapelle du Bief d’Etoz en l’année 1692. Les habitants de la