Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 164 —

Et il en fut ainsi. Le soir, après un repos forcé, les contrebandiers se remettaient en route sous la conduite de leur chef.


IX


Il y a du soleil et de la joie au bord du Doubs, sur la rive française et sur la rive suisse. C’est dimanche. Les fermes sont bien closes. Dans les pâturages des Franches-Montagnes gambadent les jeunes poulains, et sous les sapins, que trouent avec peine les rayons lumineux, les vaches paresseuses sont mollement couchées, ruminant l’herbe mangée le matin, à la fraîcheur du petit jour. Et, tout au long du dévalement des côtes, sur les dos d’âne que forment les collines, sous les arcades de verdure qui s’étendent au-dessus des sentiers rapides, dans les prairies que piquent comme des étoiles les corolles d’une multitude de fleurs, partout enfin jasent des voix humaines, se déroulent vivement des conversations, éclatent des notes de chants populaires que les échos se renvoient du haut en bas de la vallée. Le Doubs est calme ; très basses sont ses eaux ; les grosses pierres du