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le disions plus haut, par la vallée boisée et abrupte qui s’ouvre sur Biaufond, les contrebandiers laissèrent ce dernier endroit à leur gauche et touchèrent le Doubs, trois ou quatre cents mètres plus bas, près des rochers, où une barque les attendait et les transporta sur la rive française. Malgré les hautes eaux, le passage se fit sans accident. Une fois de l’autre côté, le chef toujours en tête de la troupe, à une vingtaine de pas, ils inclinèrent de nouveau vers la droite, par un sentier qui conduisait au sommet de la montagne, tout près de Charquemont, où l’on arrivait aussi des Echelles.

Il s’agissait, maintenant, d’avoir l’œil sûr et le pied solide. Le chemin, en effet, courait à travers des pentes rocheuses, longeait la partie supérieure de vraies murailles de pierre où le moindre faux pas eût été suivi de mort d’homme. Mais ils marchaient tous résolument, encouragés par Maurice, qui avait ralenti son allure, n’ayant pour l’instant aucune surprise à redouter.

Et la pluie fine du départ n’avait pas encore cessé. Elle rendait la course pénible, détrempant le maigre humus qui masquait les rochers, presque à fleur de terre. Les contre-