Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 143 —

VIII


À peine les premiers bourgeons eurent-ils apparu à l’extrémité des branches que M. Viennot, tombant on ne savait d’où, se présenta chez Maurice Delaroche, qui était assis à l’établi, près de la fenêtre, occupé à remonter une montre à clef d’un genre très soigné.

— Bonjour ! dit M. Viennot, avec sa bonhomie ordinaire, que rien ne troublait.

— Ah ! c’est vous ! Bonjour, monsieur !

— Mais, oui ! C’est moi ! Ne suis-je pas reconnaissable de loin ? « J’ai cependant toujours le même nez ». Quoi de neuf ? Rien ! Vous limez, c’est votre droit. Et vous avez raison de ne pas perdre le coup de main.

Alors, sautant à un autre sujet, M. Viennot continua :

— Que te disais-je, il y a tantôt une année ? Que la contrebande allait s’organiser sur toute la frontière. Je viens du Porrentruy. Ils font déjà de belles affaires là-bas. Et, pourtant, c’est plus dangereux que par ici, car le pays est plus découvert. Ils n’ont ni les gorges profondes et inconnues du Doubs, ni