Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 125 —

de voir Maurice disparaître. Ayant alors refermé la fenêtre, Yvonnette, le cœur tout en émoi, regagna fièvreusement sa couche.


VII


L’hiver, cette année-là, fut dur et long. De gros paquets de neige encombraient les routes. Malgré les travaux de corvée pour ouvrir les chemins, les relations de village à village, si elles n’étaient pas forcément interrompues, étaient cependant très rares. Les contrebandiers, et cela se comprend, avaient renoncé à leurs courses sur le Doubs et sur le territoire français. Maurice en était tout attristé ; il ne voyait plus Yvonnette, et pourtant son esprit n’était occupé que de la jeune fille. Que pouvait-elle faire, là-bas, dans cette famille pour laquelle elle n’avait rien moins que de l’affection ?

Vers le milieu de la saison, il résolut de descendre jusqu’à l’auberge de Jean Gaudat. Son ami, Emile Brossard, l’accompagnait. Le sentier était praticable, car le meunier allait et venait, avec ses mulets, du moulin aux villages des Franches-Montagnes. Tout en mar-