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si vous le désirez, prenez-moi ou dites-moi de vous attendre encore. Je partirai ou je resterai, selon votre bon plaisir. Oui, je le crois, je vous aime. Je suis je ne sais comment, j’ai peur et je n’ai pas peur, je me dis que c’est vrai et je me dis que c’est un songe.

— Merci, Yvonnette, oui, vous m’aimez, je le sens, je le vois. Merci encore une fois. Je viendrai de temps en temps, nous aurons bien, un jour ou l’autre, l’occasion de nous parler. Je serai là, si jamais vous avez besoin de moi. Courage et patience !

Au revoir ! Vous devez avoir froid. Nous savons à présent que nous nous aimons, que nous vivons l’un pour l’autre. Ah ! si seulement ma tâche était finie, si j’avais pu découvrir ce qu’est devenu mon pauvre père ! Plus tard, lorsque nous disposerons d’un bon moment pour nous seuls, je vous expliquerai mes paroles, je vous conterai mon histoire.

Adieu, mon Yvonnette !

Et, en disant ce nom, qui lui plaisait, il attira la tête de la jeune fille et l’embrassa furtivement. Elle faillit tomber, tant était vive, nouvelle et surprenante la sensation qu’elle en éprouva ; mais, se dominant aussitôt, elle rendit ce premier baiser et n’eut que le temps