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— Bast ! avec un batelier comme vous, on passe toujours.

— Vous me flattez, monsieur Maurice, j’es¬ père quand même que nous traverserons sans trop de peine.


Comme le Doubs, au-dessus et au-dessous du moulin, n’est jamais d’une allure calme, le passage de la rivière devient périlleux à l’époque des grandes eaux, soit en automne, après des pluies abondantes, soit au printemps, à la fonte des neiges. Les contrebandiers avaient dû tenir compte de ces difficultés. Lorsque Maurice prévoyait que la barque aurait à lutter contre un fort courant, il fixait l’extrémité d’une corde à un anneau de fer qu’il avait fait sceller dans la paroi du rocher, sur la rive suisse ; puis, à mesure que l’embarcation s’éloignait, la corde se déroulait insensiblement. Une fois le bord français atteint, on attachait l’autre extrémité de la corde à un arbre et l’on avait ainsi une sorte de bac, le long duquel le bateau glissait en toute sûreté. Cela n’allait pas sans de grands efforts. Néanmoins, de cette façon la traversée était rendue beaucoup plus facile. Il n’y avait plus que le premier voyage qui offrît quelque dan-