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échelle ; ensuite, passant sur la seconde, ils furent bientôt au pied du rocher, dans une forêt qui s’étend jusqu’au bord du Doubs, dont le bouillonnement de l’eau emplissait la vallée.

— Vous nous attendrez ici, madame. Et ayez confiance ! Pierre a toujours, malgré son âge, l’œil bon et le jarret solide. Avec l’aide de Dieu, nous arriverons.

Il remonta donc, ainsi qu’il l’avait dit à Françoise. Au bout de quinze à vingt minutes, madame avait la joie de revoir ses deux fidèles serviteurs.

L’enfant dormait. S’il eût été éveillé, il eût certainement pris peur, au milieu de cette nuit, avec le roulement du Doubs au fond de l’invisible ravin. La lune s’était cachée, et l’on ne voyait plus à deux pas devant soi.

— Nous sommes sauvés, ou à peu près, reprit l’homme qui s’est donné lui-même le nom de Pierre. Nous allons maintenant prendre à gauche, à travers ce petit bois. Faites encore bien attention. La pente est assez forte et le moindre faux pas pourrait avoir des suites graves.

Les deux femmes, déjà remises du frisson que leur avait causé la descente des échelles,