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vous, tout le jour. Le travail me paraîtra plus facile, le temps moins long, et si la mère me dit de dures paroles, je murmurerai tout bas, pour moi seule : Quand mon grand ami reviendra, je lui raconterai ma peine. Et je serai tout de suite soulagée.

Elle se tut et, cependant, elle n’avait pas achevé, car une rougeur empourpra subitement son visage.

— Voyons, qu’avez-vous ?

— Je n’ose… oui !… Comment vous appelez-vous ?

— Tiens, c’est vrai, j’avais oublié. Je m’appelle Maurice.

— Maurice ! Un beau nom ! À présent, adieu ! Non, plutôt au revoir ! Quand je penserai à mon ami, je penserai à Maurice. Serez-vous longtemps avant de revenir ?

— Une ou deux semaines, au plus. Ce me sera une grande joie de vous revoir aussi. Voilà ma main.

Elle lui tendit une main si petite, si mignonne, quoiqu’un peu rouge, qu’il eut peur de la serrer trop fortement dans la sienne. À ce contact, un léger frisson le secoua. L’abandon naïf d’Yvonnette le troublait étrangement.