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— Cela vous étonne de me retrouver en cet endroit, n’est-ce pas ? Je savais que vous passeriez par ici, c’est pourquoi je suis venue vous attendre. Ma mère ne veut pas que je vous parle ; mais, ç’a été plus fort que moi. Aussi me voilà !

— Elle vous grondera.

— Comme si cela pouvait m’inquiéter ! Une fois de plus, une fois de moins ! Peu m’importe ! J’y suis habituée, à ses fâcheries.

— Alors, vous ne vous plaisez pas beaucoup à la maison ?

— Dites que je ne m’y plais pas du tout, ce sera plus vrai. Il me semble parfois que ce ne sont pas mes parents, que je suis comme une étrangère au milieu d’eux. Certainement je devrais les aimer davantage. Mais j’ai beau essayer, me raisonner, cela ne sert à rien. Du reste, ils n’ont pas non plus pour moi une très grande affection. Ils me tiennent toujours à l’écart, d’un air qui me fait comprendre que je ne suis pas des leurs ; et si, par hasard, je les interroge, ils me rabrouent en disant que je dois me mêler de mes affaires.

— Votre père et votre frère, n’ont-ils aucune occupation ?

— Si. Ils vont à la chasse et à la pêche.