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vivre sa vérité 1912–1914

Non seulement vous trahissez la religion, mais vous vous trahissez vous-même, vous trahissez ce qu’il y a de plus beau dans la vie : l’harmonie avec les hommes, simplement pour mieux vous loger, mieux manger, mieux boire.

C’est un marché de dupe, de lâcher l’Éternel pour ce prix.

eeiVous dites que vous voulez la justice entre les peuples. Comment le croirais-je puisque vous ne voulez pas la justice entre les hommes ?

Le seul salut dans ce conflit, dans ce tourbillon, c’est d’aller paisiblement, au fur et à mesure, où il faut aller.

eeiLe plus grand luxe qu’un chrétien pourrait s’offrir serait de se débarrasser de son argent, si cet argent est une barrière entre lui et les autres hommes.

Heureusement qu’ils ont une femme ou un enfant qui leur sert de paravent contre ce brûlant désir de se mettre ainsi en paix avec les autres !

eeiToute cette société, héritages, dîners, fracs, phrases, belles paroles, sourires (pièces de cent sous à l’arrière-plan, omniprésentes), elle m’ennuie terriblement, elle est mortellement fausse. Je préfère un monteur, deux monteurs qui savent leur affaire, ont un instinct délicat, raffiné, qui sont d’honnêtes gens, pas affairistes, contents, à leur besogne, des hommes ; pas complets, c’est entendu, mais vrais.
eeiLes vendeurs ne sont plus dans le temple. — Si ; ils sont dans la partie la plus obscure du temple : dans votre cœur.
eeiAujourd’hui un homme riche ne peut pas être un chrétien : cela allait peut-être encore du temps du Christ, quand la propriété était foncière et la richesse patriarcale. Aujourd’hui que la richesse est la rente principalement, et que le riche ne peut plus peiner avec ceux qui lui font sa richesse, directement, la richesse est devenue la vraie immoralité, celle qui fait mourir les gens, âme et corps.