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vivre sa vérité 1912–1914

C’est vrai. Mais tout se concilie si l’on constate la merveille : cette chose au delà du moi étroit, vers laquelle la morale vous porte, est précisément votre vrai moi ; c’est à lui que l’égoïsme bien entendu, identique à l’altruisme le plus complet, se rapporte en réalité.

eeiComme je vous aimerais, vous gens cultivés, intelligents, de la Société, qui avez du goût, de jolies choses, une jolie manière de parler, une jolie voix ; comme je vous admirerais et vous aimerais, si vous n’aviez pas sur la face ce chancre dévorant de l’égoïsme, de la peur économique, de la convention ; si vous acceptiez un rayon de l’éternel.
eeiMieux vaut être au ban de tous les partis et de tout le monde que d’être complice.
eeiLa noble société, grande, vraie, sereine, de ces deux ou trois théorèmes que j’ai compris ; — d’une montagne, — d’un sapin, — d’un vieil ami qui tâche toujours de voir le plus beau dans tout ce qu’on lui dit, qui supplée naturellement aux déficits de tout, qui fait crédit indéfiniment, et sera payé… tôt ou tard, ici ou là-bas…
eeiAbsolument impossible de savoir ce qui m’arrivera demain, sans vouloir d’abord paisiblement ce que j’ai à vouloir d’ici à demain.

Métaphysiquement très important, et remarquablement d’accord avec la règle chrétienne, par exemple le Sermon sur la montagne : « À chaque jour suffit sa peine.»

eeiIl y a le langage socialiste qui est odieux, et le langage ecclésiastique qui l’est aussi, et cependant c’est là derrière qu’est la vérité.
eeiL’immoralité économique est maintenant le péché par excellence. Ils ne le voient pas, parce qu’ils sont tous dedans :