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vivre sa vérité 1912–1914

Le Christ était à l’antipode du philistin ; les choses n’existaient pas, Dieu seul vivait.

eeiAprès cette faillite énorme de tous les bons sens et génies pratiques combinés, l’utopie redevient libre et n’a plus besoin de se croire impertinente, dressée contre un monde qui est fou.
eeiIl dit que je ne connais pas les hommes… je crois que c’est lui qui se trompe ; il n’en connaît que la surface mauvaise, il ne voit pas l’éternel qui est dessous, une étincelle d’éternel en chacun, la seule chose qui vaille la peine d’être considérée.
eeiQuand on a une idée qu’on croit grande, c’est dangereux de parler pour elle, car les idées sont en général tuées par les hommes qui les servent.
eeiEn faisant ce qu’on croit bien, on voit sa vie se coordonner d’une manière singulière ; tous les détails de l’enfance apparaissent comme présents, comme exactement conformes et harmonisés avec toute la vie jusqu’au moment présent ; rien ne passe, et la mort est supprimée. Les « mauvais » d’autrefois n’existent plus, et les bonnes gens sont toujours là, plus souriants encore qu’autrefois.
eeiLa justice, qui en veut ? Qui préfère la justice à son propre avantage quand personne ne le surveille ? Qui préfère la justice en tout ?

Quand il n’y aurait qu’un seul homme qui demande la justice, toute la justice et rien que la justice, il l’aura ; mais qui la veuille vraiment, envers et contre tous, et contre lui-même.

eeiPuisqu’ils font ces choses atroces, vous pouvez a priori être certains que vous n’êtes pas loin vous-mêmes de pouvoir les commettre ; cela appartient à tous en commun, ces horreurs. On peut très bien raisonner par continuité : il y a des