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pierre cérésole

l’autel étonne davantage que toutes les dorures bouddhistes, acheminant le regard, dans une profondeur de perspective où il devine plutôt qu’il n’aperçoit les choses, vers une idole qui n’est souvent qu’un miroir vous renvoyant votre image. Étrange, étrange être qui fleurit ainsi partout de la même façon. Il me semble tout à coup que ces prêtres qui chantent : « ô, ô, tô, mi, moto, mo, hô, tama… », que ces gens qui ont étudié, pensé, travaillé, dans des domaines si différents du nôtre, sont, comme les prêtres catholiques, l’expression, le symbole, la manifestation d’un courant puissant dans le monde des esprits… Le chant monte, le chant descend ; il se ralentit, il s’accélère. Ces prêtres, comme les prêtres catholiques, ont poussé — organisés peu à peu à travers les âges en un chœur splendide — à l’endroit où la parole est morte ; elle a fleuri en beauté quand on a oublié son sens ; le peuple la retrouve là en fleur. Il n’y comprend plus rien, mais saisit un écho.

Chef d’école du dimanche de chez moi, il ne faut pas dire, comme nos pauvres esprits l’ont fait si longtemps : « C’est Satan qui a succédé à l’Éternel, et qui séduit les hommes par des formes superbes ! »

L’Éternel n’a certainement pas cédé à Satan le maniement de la beauté ; là où il y a beauté, l’Éternel y est en personne. Cher ami, tu ne changeras pas ça. Tu t’es fait mépriser à travers les âges, à juste titre, pour avoir ainsi blasphémé.

Aux Indes, en Chine, au Thibet, au Japon, infailliblement l’esprit fait chanter les hommes en chœurs profonds et doux, avec des inflexions, des intonations mystérieuses ; et le peuple sent l’âme qui palpite.

Oui, aimer ces catholiques, aimer ces bouddhistes : il faut adorer ces formes superbes. Il ne faut détester, et détester à mort, que l’étouffement de l’esprit, le refus de la liberté. Comme ils sont au-dessus des dogmes, et de leurs niais conciles