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vivre sa vérité 1912–1914

eeiJe me suis toujours senti une âme avec les socialistes — les paisibles — ; quand je vois ces gens, je me sens une âme avec les violents, les féroces, aussi les jaloux (la bosse atroce qui correspond au mauvais creux que ces riches ont creusé).
eeiVous pouvez critiquer ces Japonais. Il est impossible de vivre avec eux sans leur reconnaître une âme douce, bienveillante, charmante. Nous les forçons, nous, à s’armer, à tuer le mieux possible. Et s’ils le font, ils le font bien aussi.
eeiMa cuisinière vient me demander grâce pour dix minutes de retard à son dîner, avec une si jolie révérence, une attitude si gentiment gracieuse, que j’ai de la peine à faire même semblant d’être contrarié.
eeiJe souffre de ne pas être tous les hommes.
eeiÀ la confirmation, heureusement, on nous faisait dire, après la déclaration d’aller à l’église régulièrement toutes les fois que l’occasion se présenterait : « Le promettez-vous ? » — « Oui, avec l’aide de Dieu », ce qui signifiait implicitement que Dieu serait toujours partisan de m’envoyer à l’église. Mais l’esprit, sinon la lettre de cette déclaration, est bien que si par hasard Dieu vous déclarait que ces églises sont les endroits les plus ennuyeux et fâcheux de la terre, et qu’il est impie de s’y rendre, il faudrait avec son aide n’y plus remettre les pieds.
eeiCet Étemel qu’on voit dans les églises, il est laid, il est poussiéreux, il a des bancs usés, il chante faux.
eeiCeux qui ne savent plus aimer ont le plus besoin d’être aimés — âmes qui errent en dehors du paradis, dans l’ombre et le froid.