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pierre cérésole

Une fleur qui s’efforce de se pencher par-dessus l’abîme pour que ceux d’en bas l’aperçoivent, est grotesque, elle est rejetée du royaume des choses gracieuses et vraies.

La vraie morale, c’est celle qui fait des êtres rayonnants, et non pas des fourreaux de parapluie ; fermeture d’un objet déjà fermé.

eeiJe me sens en plus profonde communion d’esprit avec ma vieille cuisinière superstitieuse, qui sent l’éternel tout autour d’elle, qu’avec les physiologistes qui savent tout, qui vont tout compter tout à l’heure ; qu’avec Herschel, Comte, etc., les matérialistes, l’école de la vibration satisfaite d’elle-même. Ce ne sont pas des pauvres en esprit. Newton était un pauvre en esprit. Poincaré peut-être aussi. Bergson m’en a donné l’impression aussi.
eeiJoie de n’être ni plus ni moins vivant que le moindre de ces moutards japonais, en habit bariolé, qui va et s’exclame, et tend ses bras vers l’oiseau de proie brun qui vient de descendre de la forêt.
eeiDans cette vie japonaise, celle du peuple au moins, les enfants semblent avoir, naturellement, la même importance que les adultes ; et pour cette raison très simple, très bonne et très profonde que l’essentiel pour ces gens n’est pas de faire grand’chose, d’arriver à tel ou tel résultat, mais tout simplement de vivre le jour que l’éternel leur donne, heureusement et dans un joyeux labeur. Or, si l’essentiel est de vivre et non pas de faire, comme l’enfant vit tout aussi intensément que l’adulte, il se trouve que son rôle est tout aussi bien rempli que celui de l’adulte. Chez nous au contraire, l’enfant est considéré comme un être pas à la hauteur, pas arrivé encore à ce qui doit être.

Dans la vie sociale du Japon, l’enfant est en plein l’égal de l’adulte. Ça se sent partout.