Page:Cérésole - Vivre sa vérité.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
33
vivre sa vérité 1909–1912

eei(À l’exposition de sculpture.) Un dieu du bonheur debout, sur son sac de riz, agite les mains en levant son bâton, souriant, éclatant. Les veines du bois sont admirablement utilisées, faisant un effet comique au nombril et sur le nez ; tout à fait en harmonie avec le caractère général de cette statuette rabelaisienne.

On voudrait mettre cette œuvre dans le salon d’un certain nombre de gens inutilement sérieux, qui ne se doutent pas que tout sourire possible et manqué est un crime contre eux-mêmes, l’humanité et l’éternel ; que tout sourire est un devoir, un état supérieur, quand il n’amène pas le chagrin de quelqu’un d’autre. Ce dieu du bonheur est excellent.

eeiLe goût remarquable de cette race apparaît dans le fait que les femmes ne posent pas ; simplicité et naturel.

Ce qu’il y a de jolis sourires d’enfants échelonnés le long de la route quand je rentre chez moi par un beau soir de printemps !

L’expression de joie humaine la plus profonde que je me souvienne avoir vue, c’était dans les yeux d’une fillette de dix ans, dans le faubourg industriel d’Osaka, près des aciéries de Sulzer, dans cet affreux quartier. Elle jouait dans la rue ; et ce bonheur d’enfant rayonnait comme un éclair dans toute cette poussière de charbon.

eeiLa force avec laquelle les gens affirment est en raison inverse de la solidité de leurs preuves.

C’est une nécessité mécanique ; puisque l’édifice de la pensée se soutient en fait par l’affirmation et par la démonstration ; si la dernière est faible, il faut que la première la remplace.

eeiC’est un devoir, et la gloire de l’homme, et son bonheur, d’admirer passionnément ce qui est beau.

Ce papillon blanc sur la paroi, ce papillon dit : « Admire la beauté ».