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vivre sa vérité 1909–1912

eeiJe sens avec une netteté féroce l’incompatibilité de la règle chrétienne de fraternité avec cette manière de vivre sur le dos des ouvriers.
eeiLe devoir. Mot sec et affreux. Je ne veux pas servir un mot ; je veux obéir à une force.
eeiQu’ainsi toutes ces choses soient dispersées, mortes ; que cet amour soit vain, que rien n’en puisse sortir, qu’il ne puisse s’épanouir, c’est une nécessité mystérieuse, comme la mort elle-même. J’y suis habitué. Il faut voir ça et glorifier l’Éternel.

La souffrance de cet amour est comme celle de la mort. Il faut la regarder en face. L’accepter, accepter la solitude. Éternel ! Éternel.

eeiMon Dieu, quelle solitude dans un espace où il y avait quelque chose de si beau ! Comme si la mort avait passé.
eeiCet homme ne veut pas mentir… Il est dangereux !
eeiIl faut vivre avec un seul grand bonheur : la foi ou quelque chose de ce genre ; et dédaigner le reste.
eeiCe qui prouve combien le métier de pasteur est horrible, c’est qu’après le sermon, en déjeûnant chez le ministre, chacun sent qu’il est de mauvais goût de parler religion, de s’entretenir de l’esprit, — pauvre homme, il doit en être fatigué ! — de mauvais goût comme de parler toujours à un épicier de ses macaronis et de ses pruneaux secs.
eeiLe mot de devoir, ou même d’impératif catégorique, m’horripile. Je ne suis plus un enfant ; je veux maintenant qu’on me montre autre chose que ce mannequin, utile pour des esprits primitifs. Je ne nie absolument rien de son contenu, mais je veux lui voir une raison positive. Cette raison, c’est l’amour, l’amour profond, étendu à tous.