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l’inondation. Nous finirons bien par arriver ; il suffit d’avoir de la patience. La difficulté même d’aboutir prouve à quel point notre intervention amicale, poussant, pressant, étant toujours là pour remettre dans le courant le radeau embourbé, était nécessaire.

… Ma dernière lettre doit être arrivée en retard car, lundi dernier, jour du départ du courrier-avion, c’était la fin du Ramadhan, le jeûne musulman ; la poste était fermée et l’on ne pouvait acheter les timbres nécessaires. Il semble que cette population de Muzzafarpur, en grande majorité hindoue, accepte assez volontiers de célébrer la fête avec les Musulmans. Sur ce terrain, l’entente est toujours facile. En rentrant de chez Rajendra, dimanche soir, en train, au moment où nous arrivions à la station de Golcaur, un instant après le coucher du soleil, on pouvait voir les Musulmans en groupes animés, se montrer quelque chose, le bras tendu vers l’occident. C’était le croissant encore tout fin de la nouvelle lune. Le jeûne du Ramadhan qui se poursuit un mois durant pour toute la journée (on ne peut manger que de nuit) est marqué astronomiquement pour tout ce monde par les deux premiers croissants de lune qu’on peut apercevoir au commencement et à la fin du mois.

Nous attendons avec impatience l’arrivée de Paul Schenker[1] qui débarque à Bombay jeudi prochain, 17 janvier, et viendra directement ici. J’espère qu’à ce moment nous aurons notre terrain et pourrons engager notre campagne à fond.

Avec mes pensées affectueuses pour vous tous, chers amis, je reste votre

Pierre Ceresole.
  1. Un précieux collaborateur qui a dirigé plusieurs campagnes du Service civil et qui avait d’abord été très opposé à l’entreprise de Pierre Ceresole aux Indes. La lecture des lettres qu’on vient de lire l’avait amené à reviser son jugement et il avait accepté de rejoindre P. C. pour travailler avec lui.