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cause, et le nom de « Bourah Sahib » — signifiant simplement « le vieux Sahib » — dont ils me désignent souvent, a quelque chose de « bourru » qui peint assez bien la situation.

Les tractations pour le terrain paraissent le plus difficile à l’endroit même où elles paraissaient devoir être le plus facile. Pour notre premier village, M. Scott, le Commissioner, et M. Sw. le Collector, s’efforcent d’obtenir un terrain convenable de M. R***, le grand planteur, propriétaire de 5 000 acres de terrain et de l’usine sucrière de Djapaha. Il est comme le prince de la région : 600 ouvriers travaillent à l’usine et plusieurs milliers, je pense, dans les champs.

Non seulement M. R*** demanderait un prix élevé du terrain sur lequel M. Scott a jeté son dévolu, mais même à ce prix R*** préférerait ne pas le céder, car cela couperait en deux un champ de grande étendue qu’il avait constitué pour la culture avec des machines. On peut comprendre la position de ce planteur. Il est d’autre part évident que la préoccupation de la canne à sucre oblitère chez lui la considération qu’on pourrait attendre pour les villageois eux-mêmes. Ce R*** n’est pas un méchant homme, on le considère dans la région comme un homme juste et bien intentionné, mais voilà : son affaire technique est de faire du sucre le plus possible et le meilleur marché possible. Techniquement il a raison, et si les bénéfices de son exploitation revenaient aussi aux paysans, tout le monde devrait se déclarer satisfait de cette culture plus rationnelle.

P. et moi étions d’avis de prendre un autre terrain que M. R*** était disposé à céder et que nous pouvions adapter à la construction de notre village à condition de le surélever d’abord sur toute sa surface de 30 centimètres environ, travail analogue à ce que nous avions fait au Liechtenstein. Mais M. Scott se méfie d’un terrain rapporté pour résister à