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montée et éloignée. Cela se fait en dix minutes, sans exagération. Voilà qui donne une idée de la misère extrême de ces habitations : un toit en chaume, quelques piquets, des parois de chaume. On pousse ça de côté, on refait le tertre, et on reconstruit la maison en une demi-heure. Pendant ce déménagement, chacun peut voir qu’il n’y a tout simplement rien dans ces maisons que quelques haillons et des pots de terre. Je n’ai vu chez ces pauvres de Milkie et de Chopar ni la marmite en bronze ou en laiton, ni le falot de sûreté que je croyais le minimum après ma visite de villages de ce printemps. On voit çà et là, contre les murailles de chaume, les traces laissées par l’inondation.

Il y a là un travail d’aide presque immédiat. Ce serait un service amplement suffisant que d’aller de hameau en hameau avec notre groupe et de surélever partout la base des habitations. Quand la famille pour laquelle nous travaillons comprend des hommes adultes, nous exigeons qu’ils travaillent avec nous… s’ils n’ont pas l’excuse d’un travail encore plus urgent pour leur famille. Nous ne voulons pas encourager ce qui est arrivé plusieurs fois ailleurs qu’aux Indes : le groupe du Service civil travaille et le citoyen que nous voulons aider nous regarde en fumant sa pipe.

En général, le travail se fait joyeusement et avec bonne humeur, mais ces villageois sont un peu comme des enfants et quelquefois ils se chicanent et se font des niches qui troublent le travail ; pour maintenir l’ordre nécessaire, nous en avons condamné deux cette semaine à ne pas travailler avec nous pendant une demi-journée et le soir ils ne reçoivent que la demi-paie. C’est notre chef de groupe indien qui a prononcé cette punition et, pour soutenir son autorité, j’ai soigneusement maintenu sa décision. On me considère, je crois, comme un patron assez redoutable, quoique pour la bonne