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Zeradai, dans la grande maison familiale de
Rajendra Prasad, dimanche 6 janvier.

J’écris ces lignes dans la vieille, grande maison indienne en pleine campagne, qui depuis cent cinquante ans abrite la famille de Rajendra Prasad, le président actuel du Congrès, dont je vous ai parlé bien souvent, et dont la photographie a été publiée récemment par un grand nombre de journaux européens. C’est la grande maison de campagne, typique du zamindar, — ici du bon zamindar ! Un seul étage. Les bâtiments entourent une vaste cour où se trouvent entassées les gerbes de riz fraîchement moissonné ; un chariot à bœufs, les bras en l’air, une vieille voiture à deux roues, peinte en noir, le nez dans la poussière, le puits avec le grand levier en bambou pour tirer le seau, quelques troncs d’arbres dispersés çà et là, et, sautillant au milieu de tout ça, les inévitables corbeaux ou « miner birds ». Ils piquent assidûment, près du puits, les quelques grains de riz restant dans quelques pots de terre attendant d’être lavés. Dans cette même cour, attachés le long d’un mur, des vaches et des bœufs, pas beaucoup plus gras que ceux qu’on voit dans le village.

Voilà la maison du chef actuel de la politique nationale hindoue. Simplicité « plus que romaine ». Chez Cincinnatus, le consul romain qu’on a été prendre à sa charrue, il y avait peut-être quelques ornements ; chez Rajendra, sauf quelques portraits en photo ou photo-chromo, les murs passés à la chaux ou peints en jaune clair, montent nus jusqu’au plafond élevé de cinq ou six mètres et supporté par un réseau de poutres noires. Austère simplicité. Plus que simplicité. Il faut s’y résigner,… tout est vieux, laid, fané, assez