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On dirait, à lire le gouvernement auquel nous avons demandé aussi 43 500 Rs qu’il n’a pas un instant songé à nous donner moins de 50 000 Rs. Il promet cette somme fixe, et il demande confirmation au Comité de secours du Bihar de son intention de donner bien 50 000 Rs — je dis cinquante mille. Et le Comité de secours du Bihar, officiellement cette fois, et par écrit, répond : Parbleu oui, 50 000 Rs. Veuillez me citer, chers amis, quelques cas ou un cas seulement où, ayant demandé à un gouvernement ou à une caisse de secours une subvention de 43 500 Rs on vous écrit qu’on vous en donnera 50 000. Cela tient du prodige et fait bien voir que nous ne sommes plus qu’à 250 km. du sommet de l’Himalaya.

Je plaisante. Mais vous jugez combien le glissement spontané de toute l’affaire vers les hauteurs — contrairement à toutes les lois ordinaires de la gravitation qui fait descendre les choses spontanément vers les bas-fonds et la mesquinerie — m’impressionne et me réjouit profondément.

C’est donc fait, nous pouvons nous mettre en route. En fait nous sommes déjà en route depuis longtemps et nous négocions l’achat des terrains comme si tout était déjà dans le sac. À la dernière séance, vendredi, un nouveau personnage très important entre en scène : the land acquisition officer. Un Brahmine extrêmement intelligent et débrouillard qui a l’air de savoir par cœur toutes les lois concernant les propriétés foncières et les innombrables manières d’être propriétaire, demi-propriétaire, provisoirement ou à perpétuité. Il est venu en auto ici pour négocier avec les zamindars. Je me promène gravement avec des plans cadastraux et participe à des achats de terrain considérables aux Indes, moi qui n’ai jamais possédé ou négocié un centimètre carré de terre. Je suis fier de ce plan cadastral autant que de mon pantalon bleu.