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de l’innocence de ces hommes. Pourquoi donc ont-ils été dénoncés ? Qu’y a-t-il là derrière ?

En ce qui concerne les mauvais traitements infligés par la police aux habitants de Sonathi pendant l’enquête, M. Murray et l’inspecteur jugent qu’une enquête immédiate est nécessaire.

Nous allons ensemble à Sonathi et nous trouvons la mère de Ganni, pauvre vieille de septante ans, accroupie sur le chemin dans ce malheureux village, ridée, maigre à un degré effrayant. J’aurais voulu que beaucoup de gens puissent voir comment cet inspecteur à moustache blanche, avec son air de bon papa, s’est aussi assis sur ses talons en face de cette vieille femme et s’est mis à l’interroger en lui parlant doucement. Ça a duré quelques minutes ; je ne pouvais pas suivre le dialogue. J’ai vu Rai Sahib tirer son porte-monnaie, mettre une pièce de 4 annas dans la main de la vieille, puis se relever en disant : « C’est vrai, elle a été battue ».

Or, un instant auparavant, au Centre, le sous-inspecteur affirmait encore qu’il avait interrogé la femme et qu’elle déclarait n’avoir pas été battue…

Rai Sahib demande à la vieille avec quoi le policeman l’a frappée. Elle déclare que c’est avec un fusil. Là-dessus, le sous-inspecteur répond qu’aucun de ses hommes n’avait pris de fusil. Or tous les volontaires du Centre avaient été frappés du fait que l’un des policemen — et un seul — avait un fusil. C’est une des premières choses que Joe m’a signalées le soir même de notre retour de Dharampur. Le vieil inspecteur, sans doute pour sauver la face, a l’air de prendre ces contradictions et mensonges avec un peu trop de bonne humeur générale, et ne s’y attarde point. Dans la lettre que je vais écrire pour remercier M. Murray de sa réponse, et de l’excellent inspecteur qu’il nous a envoyé, je relèverai ces