qui les tirent, circulent à côté de la route, en bordure du champ dans de formidables ornières. P. me dit que la chaussée leur est interdite. Il faut que je me fasse expliquer ça. Ces gens qui paient des taxes — si minuscules soient-elles — pour entretenir une armée pour la « défense des Indes »… n’auraient pas le droit de se servir des misérables routes qui çà et là existent ? Leurs peu nobles véhicules sans doute les encombrent ou les endommagent trop et ce serait bien ennuyeux pour les autos d’être ainsi doublement gênés par eux. Voilà une remarque que la justice me demande de tenir en quarantaine, jusqu’à ce qu’une explication, bonne peut-être, m’ait été donnée.
Plus loin j’entends un passant crier : « Châr Outt » — Quatre chameaux ! Et en effet en voilà quatre, même cinq… l’un marchant à vide, les autres chargés de personnages bariolés et peinturlurés, chaque chameau portant accroché à sa bosse, sous tout le chargement, un de ces tambours « religieux » comme on en voit dans les temples. Je demande à P. : « Quelle espèce de gens sont-ils ? » et je reçois la singulière réponse : « Des mendiants » qui me laisse extrêmement perplexe. J’insiste et analyse le cas pour que P. m’explique un peu mieux : « Étrange manière de mendier. Comment ? aux Indes des gens arrivent confortablement installés sur quatre chameaux, — plus un de rechange — assis sur toutes espèces de bagages et ils ont la prétention que le public leur fasse l’aumône ? » — « Oui, répète P., des mendiants, des Sadhous, quoi ! » La lanterne commence à s’éclairer et je me rappelle que les gens du Congrès ont presque tous la très bonne habitude de considérer à priori et jusqu’à plus ample informé tous les « Sadhous » comme de simples mendiants et des exploiteurs d’un public trop bon. Mais cela reste obscur et j’insiste : « Mais enfin, quelle espèce de service