terre. Pas le moindre commencement de décoration, la moindre velléité d’art — rien au mur, si ce n’est des toiles d’araignées en haut, et, en bas, de la moisissure verte montant à un pied au-dessus du sol. Le seul luxe — un luxe de sauvage — ce sont les vitres inférieures des fenêtres qui sont en verre bleu ; les autres fenêtres sont en verre ordinaire, plusieurs d’entre elles crevées. Dans une des chambres, un « dhoti » crasseux est en train de sécher. Il faut croire qu’on l’a lavé, pourtant il ne pourrait être plus sale. Dans cette maison horrible, un dialogue assez bien harmonisé se déroule. Devant ce groupe probablement formé uniquement des gens du zamindar, P. a expliqué le projet de déménagement des villages, pour ceux qui veulent. Un vieux, l’air rusé, sous-intendant du zamindar, déclare que les gens du village ne veulent pas s’en aller — qu’il leur suffira d’élever par un remblai le terrain sur lequel les maisons reposent. P. lui montre calmement que c’est là une solution plus coûteuse que d’acheter dans le voisinage un nouveau terrain hors de portée de l’inondation, et lui demande : « Que doivent faire ceux qui sont trop pauvres pour faire faire ce travail ? » L’autre répond ce qu’on nous a dit à deux autres endroits : « Dieu y pourvoira… » Remarque ne manquant pas de saveur si l’on considère que si cet homme s’oppose au déménagement des pauvres, c’est surtout pour garder sa main-d’œuvre à bon marché à portée de la main. Il est arrivé deux fois qu’on nous amène, pour notre conférence avec les gens d’un village, chez un zamindar où le village même est très mal représenté et où, s’il est représenté, il n’ose pas parler. Dans les autres cas nous avons pu éviter ça.
Les palmiers même de cette maison du diable avaient l’air malade avec de grosses excroissances déformant et dévorant leurs pieds comme des chancres. Et pourtant c’est