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nes) et je ne veux pas les achever en marchant dans la boue plus que ce n’est absolument nécessaire.

D’autres villages ne peuvent être atteints qu’en traversant des canaux en bateau. Le bateau est parfois là où on en a besoin. D’autres fois, il faut appeler… héler, envoyer le chowkidar… attendre cinq minutes, un quart-d’heure, une demi-heure et finalement se décider à passer avec de l’eau jusqu’au-dessus du genou… ce qu’on aurait très volontiers fait tout de suite si on ne vous en avait pas empêché pour la raison que le bateau « va venir ». Près d’un canal assez profond coupant un chemin vicinal très fréquenté, nous attendons le bateau trois quarts d’heure. Amusant de voir les voyageurs plus pressés : Femmes, enfants qu’on soulève tant bien que mal hors de l’eau, vieillards avec de l’eau jusqu’à la hanche. Parfois, pour arriver au village, c’est un voyage au long cours à travers de grandes étendues d’eau entrecoupées de rizières — les unes : champs à peu près complets et compacts — d’autres : des touffes plus ou moins insignifiantes, partiellement submergées, dont la moindre sera soigneusement récoltée.

Ces traversées sont admirables : on longe des villages, on glisse tout près des pauvres huttes, des enfants curieux, des femmes curieuses aussi mais qui se voilent brusquement la figure quand elles aperçoivent ces étrangers. On suit toute cette pauvre petite vie de village indien : Partout la même hutte en roseau, partout le même vase en terre, sur le feu nourri du fumier des vaches ou des buffalos, — où l’on prépare le « bhuntya », le maïs sauté. Constamment le bateau s’ensable… les voyageurs, par ordre de dignité, descendent successivement dans la mare pour soulager l’embarcation qui finit par se remettre en marche. Pour ne point humilier le batelier, je ne descends qu’à la dernière extrémité, bien