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enfants, et peut-être angoisse plus grave encore de la fillette qui sent obscurément que son père est tourmenté et qui voudrait pouvoir lui aider ; comme elle pourra, avec son petit fer plat, elle grattera sans doute de l’herbe pour la chèvre, le long du chemin (et cette famille elle aussi paiera sa petite fraction de taxe pour l’armée et la défense de l’Inde).

Il est temps que je m’arrête.

Bonnes amitiés. Merci à tous de vos fidèles pensées.

Pierre Ceresole.




De village en village.
Rampur Hari, dimanche, 16 décembre.

Rampur Hari est un centre d’assez riches propriétaires ; un hameau seulement est plutôt misérable, et là encore nous sommes reçus, dans sa grande ferme, par un vieux paysan aisé, à cheveux blancs, court tondus, l’air si fin, si intelligent, si spirituel — figure hautement civilisée — dont la présence surprend dans des conditions matérielles aussi primitives.

Il est difficile de faire ici ce que nous avons fait dans le district de Minapur il y a une quinzaine : réunir les gens du village à n’importe quelle heure pour leur expliquer le projet du déménagement. Maintenant, tout le monde est occupé à la récolte du riz. C’est le moment où les ouvriers obtiennent un salaire un peu moins misérable que leur salaire ordinaire. On leur donne le seizième de ce qu’ils ont récolté, et c’est ce riz qui constituera la réserve sur laquelle la plu-