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Joe et moi nous nous retrouvons le même soir à la résidence de M. Scott. Agréable dîner, où nous rencontrons le président du district board, le conseil exécutif de la division — il s’appelle Srinarayen Mahata — homme riche, plus ou moins banquier dans le privé, aux idées larges, collaborant volontiers avec le gouvernement sans être détaché, me semble-t-il, de la cause nationale indienne. Type raisonnable et bon en somme, mais trop facilement résigné à un système où tous ne se sentent certes pas aussi à leur aise que lui.

Lundi après-midi visite au village de Mustafagunj où l’on se propose de transporter les gens de Minapur, palabre sur la place du village avec le zamindar et une foule pittoresque à côté du temple hindou dont le carillon se déclenche au milieu de nos débats. Tous sont d’accord pour le projet, le zamindar aussi.

Nous repassons notre pont de bateau et le faubourg poussiéreux, illuminé de Muzaffarpur et rentrons pour la nuit au Centre du B. C. R. C. C’est moins grandiose qu’à la résidence mais parfait d’hospitalité. Mardi 20, retour à Sonathi. Organisons notre installation provisoire dans cet endroit hospitalier entre tous et le soir, sur la place du village, conférence à la lune et la lanterne avec les gens du village. Je devine deux ou trois phrases hindi de notre fidèle P. qui arrange tout, prévoit tout, pense à tout.


Mercredi 21 : Après une bonne nuit dans notre hutte sur les lits de sangle, une bonne douche à la pompe ; avant la sortie du soleil, Vénus, rayonnant point de diamant, dans l’océan de couleurs idéales qui monte de l’Orient. Je remarque que mon pantalon de travail, mon bleu qui a servi en Suisse et en Angleterre, prend, sous ce ciel un rayonnement