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la tendance discrète à « patronize » (traiter en protecteur) et à tenir à distance tout Indien. Attitude nécessaire, disent-ils, chez l’homme qui en définitive doit ou veut faire intervenir la force pour maintenir son service ou son prestige.

En ce qui concerne nos projets, je constate une certaine tendance chez lui à opposer aux plans proposés par nos amis indiens des plans légèrement différents ; à proposer par exemple tel village pour la reconstruction plutôt que tel autre mentionné d’abord par les Indiens. Mais cela ne dissimule rien d’essentiel et ne présentera pas de difficultés, à cause de l’extrême bonne volonté, du côté indien, d’accepter tout ce que l’on peut raisonnablement accepter comme contre-proposition.


Au Centre de secours.

Le samedi après-midi, notre ami Phanandra Mohandutta, (dans ces lettres je l’appellerai : « P. » tout court), nous amène à son Centre de Sonathi, perché sur les digues d’un grand réservoir d’abreuvage pour le bétail et qui a constitué une île et un lieu de refuge au moment des grandes inondations qui ont couvert la région de un à deux mètres d’eau, en juillet, après le tremblement de terre. Cette région est occupée par des villages rapprochés de sept à huit cents familles en tout.

P. a trente-huit ans. C’est un solide Bengali au regard d’une bonté frappante. Il a fait des études très complètes à Calcutta dans le Collège catholique du Saint-Sauveur où enseignent des pères irlandais et belges ; sans prosélytisme déplacé ; P. dit qu’on leur laissait toute liberté de garder la religion qu’ils voulaient ; il n’a nullement été forcé de se convertir. Il est resté Hindou, très large et libre, dans