Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.

saient au bord de l’eau… la plupart se regardant les unes les autres plutôt qu’occupées d’un culte véritable. Un petit nombre seulement nageaient ou plongeaient. On descendait des corbeilles de fruits en offrande au Gange… mais après être descendu jusqu’au bord de l’eau elles remontaient la berge et les fruits étaient consommés, je suppose, par ceux qui les avaient apportés. Sur une sorte d’estrade un vieil Hindou à lunettes tenait un livre à la main et silencieusement paraissait bénir la foule de gestes onctueux dont les voisins semblaient se soucier assez peu. Je pensais qu’au moment du lever du soleil ce personnage hiératique prononcerait un discours ou lirait ses formules. Mais il est resté muet jusqu’au bout, jusqu’au moment où le soleil s’étant levé assez haut dans le ciel, la foule commençait à se dissiper. Quand j’ai demandé l’explication de cette attitude à un ami hindou du Centre… celui-ci a émis assez irrévérencieusement l’opinion que — peut-être bien — le personnage qui m’avait frappé ne savait pas lire et que livre et lunettes n’étaient avec les gestes bénisseurs qu’une habile manière de se donner de l’importance et de se faire remarquer. J’en ai été un peu déçu. J’ai remarqué un vieillard à cheveux et favoris blancs qui faisait les grands gestes sacrés, les bras levés vers le ciel et s’inclinant à plusieurs reprises. Les jeunes gens se tenaient plutôt au haut de la berge en spectateurs et sans prendre part active à la cérémonie. L’ensemble n’en était pas moins étonnamment pittoresque avec les saris de couleurs variées portés par les femmes. J’en ai remarque une en sari grenat portant un enfant au corps sculptural sur sa hanche ; avec les bracelets d’argent que la mère et l’enfant portaient, cela faisait un tableau parfait — la perfection des formes, grâce et couleurs — entrevue dans un éclair. Tous ces gens ont l’air si paisible et gentil, seulement trop pas-