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convoquée à Gaya à l’occasion du passage de Gandhi. Il m’avait frappé aussi par son air modeste (je n’ai appris que plus tard et de quelqu’un d’autre qu’il avait été des mois en prison comme membre du Congrès). Sans pouvoir caractériser la forte impression que cette rencontre m’avait produite, je l’ai signalée brièvement dans ma lettre circulaire III, écrite de Ranchi le 1er mai 1934 (voir « Inde sinistrée », page 56). Au moment où nous nous étions quittés à une petite station entre Gaya et Patna, ce zamindar avait gentiment insisté pour me faire apporter du thé. J’avais constaté avec surprise qu’une auto l’attendait à cette petite gare. Aucun d’entre nous ne pouvait se douter de ce qui, singulièrement, nous rapprocherait plus tard. Il n’était pas question encore de déménagement de nos villages dans le district de Muzzafarpur, et ce n’est que trois mois après notre rencontre, en juillet 34, que se produisait la grande inondation et la démolition d’Arwal qui devait engager Shah Umair lui aussi dans le travail de reconstruction.

Considérant l’immensité de l’Inde et même de la seule province du Bihar, cette rencontre préliminaire avait vraiment quelque chose de singulier. C’est le même homme maintenant, entouré de tous ses serviteurs et assistants et, plus en arrière, de toute une partie du village, qui nous conduit solennellement, — nous trois Européens et Phanindra qui est encore avec nous — vers le centre du nouveau village, le « bazar », la place du marché, où une grande tente a été érigée pour nous recevoir avec fauteuils, rafraîchissements, etc. De petites oriflammes colorées ornent les avenues et Schenker me dit : « Mais qu’est-ce que tout ça signifie ; ils doivent avoir eu ici une fête en l’honneur du « jubilee » ? » Non, ce n’est pas du tout de l’« Empereur » et de l’« Impératrice » des Indes qu’il s’agit cette fois-ci. Ces préparatifs et