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quatre singes qui se poursuivent. Ce sont les seuls que Joe aura eu l’occasion d’apercevoir en liberté pendant son séjour aux Indes — juste à la dernière minute ! Après avoir passé un ou deux villages aux maisons d’« adobé », nous arrivons enfin à destination : Arwal, un grand village de cinq à six cents maisons, trois mille habitants, qui a été complètement noyé et démoli par la grande inondation de juillet de l’année passée — inondation de la rivière « Sone » associée à celle du Gange.

Mais ce que nous voyons et visitons d’abord, c’est le nouvel Arwal, le nouveau village en reconstruction. Immense chantier où des centaines de maisons ont leur maçonnerie à peu près finie et où nous sommes reçus… d’une manière saisissante par le mystérieux inconnu en tenue musulmane : pantalon blanc, veston, tarbouch (fez, sans mouchet), qui, entouré d’une sorte de cour, d’un nombreux personnel, paraît nous attendre depuis des heures. C’est Shah Umair ; il s’approche vivement de moi avec l’air le plus sincèrement heureux et aimable, barbe noire, une expression un peu rude, mais bonne et simple, et gentiment naïve comme une figure d’enfant. Mais, c’est très bizarre, j’ai déjà vu ce type-là quelque part et de très près. Il me dit aussitôt : « Eh bien ! vous vous souvenez de notre première rencontre et de notre bonne causerie dans le train ? » Parbleu, cela me revient brusquement. C’est le premier Indien avec lequel j’aie causé longuement l’an passé après ma rencontre, ma première rencontre en Inde, avec Gandhi, pendant que je faisais le trajet de Gaya à Patna. J’étais tombé droit sur un propriétaire terrien, un zamindar, et ce tout premier zamindar, bousculant toutes mes notions, m’avait paru remarquablement ouvert aux idées constructives généreuses. En fait, il revenait de la réunion du groupe du « Congrès »