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10 heures du matin. Dernière délicieuse traversée de trois quarts d’heure sur l’écharpe bleue du Gange négligemment jetée au milieu de sables divaguants. Quand même, c’est vexant de ne pas s’être plongé dans cette eau — admirablement pure et belle au milieu de son cours — vexant non pas à cause de ses qualités sacrées particulières, mais à cause de ses qualités simples et naturelles d’eau parfaitement purifiée par la lumière (à distance raisonnable des égouts).

À Patna, longeant en « ekka », ou tamtam, la berge sud du Gange couronnée par un rempart solide en briques contre les hautes eaux, nous arrivons au Centre du « Congrès », une grande construction blanche à un seul étage, avec vérandas et galeries à arcades. Il n’y règne pas d’ailleurs, en temps ordinaire, une bien grande activité. Là, nous sommes rejoints par l’auto de Shah Umair…


Shah Umair, le bon génie d’Arwal.

Mais voilà une histoire capitale — inattendue, tout à fait, — et qui demande un nouveau paragraphe, avec introduction : Quelques jours avant notre départ de Sonathi, un des jeunes volontaires hindous venus de Patna me dit : « Il y a près de Patna un homme qui a entrepris un travail très intéressant, analogue à celui que nous faisons ici. Il tient absolument à vous voir. Il dit qu’il a besoin de votre appui et de vos conseils et demande que vous alliez visiter leur travail avant de partir. Il dit qu’il vous a déjà rencontré. » Tout ça est extrêmement surprenant. Le public ignore cette affaire et je n’ai pas la moindre idée d’avoir rencontré un homme de cette description. D’autre part, c’est embarrassant. Notre programme pour Patna est déjà assez chargé et je ne sais trop comment intercaler cette visite à quarante milles,