Page:Cérésole - En vue de l’Himalaya.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rée comme assez complète s’il n’y a des fenêtres ; en outre, les notions d’aération leur sont étrangères. Nous avons été surpris de la facilité avec laquelle ici ils ont accepté cette innovation. Ces maisons restent de lourds et pauvres édifices et la terre des murs fournit à l’intérieur une inépuisable source de poussières, mais tout est relatif. Chacun bâtit comme il veut ; nous aidons en fournissant après le terrain, non seulement la terre et l’eau pour la maison, mais les autres matériaux ; certaines familles ont fait des groupes de maisons très respectables. Plusieurs familles travaillent ensemble, construisant tour à tour les différentes maisons nécessaires à chacune d’elles.

Au-dessus du chantier, montant et descendant doucement, on voit les grands bras des quatre « lattas » en fonction. Abstraction faite du camion Ford qui nous aide à transporter de la terre et qui au fond n’a rien à faire ici (je le crois moins économique que les chariots à bœufs) la « latta » représente seule ici et à un des premiers échelons, la machinerie pour chantiers de construction. C’est l’appareil de levage hydraulique élémentaire qui fonctionne partout où il y a un puits ou une citerne, des pâturages de notre Jura suisse jusqu’aux Indes et plus loin encore en passant par les oasis de l’Arabie. Le grand levier avec le seau à un bout et le contre-poids à l’autre qui permet de tirer l’eau plus commodément en consentant à travailler aussi un peu à la descente du seau. Cette mécanique élémentaire universelle a quelque chose de particulièrement humain, simple, sympathique, intelligent et familier. Je suis absolument certain que les ennemis les plus farouches de la machine — de la mécanisation de l’agriculture en particulier — ont au fond de leur cœur un faible, un vrai faible, aussi inconséquent que leur tolérance à l’égard de la pelle ou de la charrue, pour la « latta » qui